L'affranchissement des serfs vivant dans les campagnes avait commencé au début du XIIème siècle et se poursuivit sous le règne de Saint-Louis et des rois suivants.
Jusqu'au commencement du XIVème siècle, la population de Lévignen subissait les excès d'un régime qui, après avoir commencé par être bienfaisant, avait dégénéré de l'esprit de sa primitive institution : l'ordre médiéval et son esprit chevaleresque.
Le seigneur, dont le nom avait été, pendant des siècles, synonyme de protection du pauvre, de la veuve et de l'orphelin, s'était peu à peu départi des idées de justice et de charité chrétienne, et avait fini par traiter en esclave le colon qui remuait la glèbe au pied du manoir féodal.
C'est pour donner le branle à un ordre d'idées plus généreuses que l'Eglise, sans déchaîner brusquement une partie de la société contre l'autre, s'est toujours efforcée, par l'action de ses Pontifes, d'abolir peu à peu l'esclavage, comme contraire à la dignité humaine.
Un de ses Papes, Saint Calixte, avait été esclave de Carpocrate.
Parmi les Pontifes qui ont combattu l'esclavage, on peut citer d'après le livre de Oscar Havard sur le Moyen Âge, Saint Grégoire de Nysse et avant lui Saint Jean Chrysostome qui, s'adressant au maître d'un esclave lui dit ces paroles : "Vous ne différez de votre esclave que par le nom. Vous dont cet homme est en tout l'égal à vous, quel titre de supériorité, je vous le demande, avez-vous à revendiquer pour vous considérer comme son maître ?"
Au XIIIème siècle, le Pape Alexandre IV signe un acte d'affranchissement. En 1462, Pie II imite son exemple, ainsi que Paul III en 1537 et Urbain VIII en 1639.
Le Duc de Valois, Charles, avait donné le signal de l'affranchissement, en affranchissant, en 1311, ses sujets du Duché de Valois, parce que, dit-il dans ses considérants, toute créature formée à l'image de Dieu est naturellement libre et que tous les genres de servitude auxquels on la soumet sont opposés aux vues du créateur.
Deux ans après ce bel exemple, c'est à dire en 1313, Philippe Ier de Passy, originaire de Passy en Valois et seigneur de Lévignen, sous la pression du Duc de Valois dont il était vassal en son Duché, affranchit les habitants de Lévignen. Il les déclara quittes de toutes servitudes, exempts de main morte et for-mariage, leur permit de disposer de leurs biens, de se marier où bon leur semblerait, de se raser et de se couper les cheveux.
Ce dernier privilège semble les avoir flattés plus que tout autre, car tous se firent couper les cheveux et même raser le crâne, en signe de liberté et d'allégresse. Ce qui leur valut le surnom des "Tondus de Lévignen", sobriquet qui a été transmis à leurs descendants, encore de nos jours.
Commune de Lévignen, octobre 2010.